Les besoins de la poule pondeuse en milieu urbain

Par Suzie Prince, animalière et directrice générale de la RISAVR
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Les poules pondeuses en milieu urbain à l’approche de l’hiver

L’agriculture urbaine et le retour des poules en ville se fait graduellement depuis quelques années mais s’est accentuée depuis le début de 2020 et plusieurs villes et municipalités desservies par la RISAVR ont modifié leur réglementations ou ont réalisé des projets pilotes depuis afin de permettre la possession de poules pondeuses en zone urbaine. 

La présence de poules pondeuses à la maison comporte certes des avantages, mais peut aussi engendrer certains problèmes.

Il est important de savoir qu’une poule pondeuse, qu’elle soit brune, blanche ou noire, pond généralement un œuf par jour, soit approximativement 250 œufs par année ou 62 douzaines. De plus, la poule pondeuse a une espérance de vie de 8 à 10 ans. Elle débute sa ponte régulière vers l’âge de 19 semaines mais sa production d’œufs décline à partir de l’âge de 18 mois, soit 1,5 an.

Les poules pondeuses sont des animaux sensibles, sociables et nerveux. Il est donc important d’être calme en leur présence et d’éviter de changer constamment leur habitat et leurs habitudes. Elles ont besoin de la compagnie de leur semblable pour se sentir en sécurité et pondre. Garder une seule poule n’est donc pas conseillé car l’animal est sociable.

Les poules nécessitent des soins quotidiens, matin et soir.  Elles doivent pouvoir sortir dans l’enclos le matin et être confinées le soir dans le poulailler à l’abri des prédateurs. Le gardien doit s’assurer qu’elles ont suffisamment de nourriture et d’eau propre et fraîche tout au long de la journée, que leur environnement est propre et la litière changée et qu’elles reçoivent des soins si elles sont malades, se grattent ou semblent avoir des parasites.

Une poule pondeuse peut produire jusqu’à 1 kg de déjections par semaine. Il est important de disposer du fumier régulièrement et conformément aux exigences de la réglementation municipale, en plus d’assurer un nettoyage en profondeur de façon périodique.

L’élevage de poules pondeuses demande un engagement ainsi qu’un investissement de temps et d’argent pendant plusieurs années, et ce, été comme hiver.

De plus, il faudra aménager le poulailler pour se conformer aux exigences du règlement municipal et mettre les poules à l’abri des prédateurs, notamment les ratons laveurs, les coyotes et les renards qui se sont multipliés depuis mars 2020 autour des résidences ayant opté pour cette pratique d’agriculture urbaine.

 

Obligations à respecter

En plus des exigences prévues au règlement municipal, les gardiens de poules pondeuses doivent respecter la législation et la réglementation provinciale et fédérale en vigueur, notamment la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, le Règlement sur les conditions de salubrité des lieux de garde d’oiseaux captifs du Québec.

Le gardien a l’obligation d’assurer le bien-être et la sécurité des poules pondeuses en toutes circonstances. Pour ce faire, les poules pondeuses doivent :

  • avoir accès à de l’eau et à de la nourriture en quantité et qualité suffisantes pour combler leurs besoins. La glace ou la neige ne peuvent remplacer l’eau;
  • être nourries et abreuvées à l’intérieur d’un bâtiment ou d’un poulailler urbain au moyen de mangeoires et d’abreuvoirs protégés de manière à ce qu’un autre animal ne puisse y avoir accès ni la souiller;
  • être gardées dans un poulailler bien ventilé qui est chauffé en période hivernale. Il doit être convenable, salubre, suffisamment grand et éclairé et les installations doivent permettre d’assurer  le bien-être et la sécurité des poules;
  • être protégées contre la chaleur ou le froid excessifs et les intempéries;
  • recevoir les soins de santé appropriés lorsqu’elles sont malades, blessées ou souffrantes;
  • être gardées dans un espace clôturé ou un bâtiment de manière à ce qu’elles ne puissent en sortir librement.

De plus, au niveau des installations :

  • les mangeoires et les abreuvoirs ne doivent pas être situés à proximité d’un plan d’eau; 
  • l’eau ne doit pas être utilisée pour le nettoyage des installations et l’alimentation des oiseaux en même temps. Il faut éviter de contaminer l’eau;
  • la nourriture doit être rangée dans un contenant hermétique, sec et à l’abri des rongeurs et autres prédateurs;
  • les mares d’eau stagnante doivent être asséchées et les poules doivent avoir une source d’eau saine;
  • la litière doit être régulièrement changée et le fumier retiré, et ce, minimalement une fois par semaine pour éviter les odeurs et les risques sanitaires. Un nettoyage quotidien permet de garder les lieux propres, éviter les odeurs et contrôler la prolifération des insectes et parasites;
  • les abreuvoirs et mangeoires doivent être lavés et désinfectés à l’aide de produits spécifiques une fois par semaine.

Les carcasses d’animaux morts doivent être éliminées sans délai par incinération et si les poules étaient malades il faut absolument éviter d’utiliser le fumier ou la litière, même compostés, et s’en départir par le biais de mesures sécuritaires. Les risques sanitaires sont importants. Un appel à la RISAVR est requis pour mettre en place les mesures sanitaires requises.

 

En période automnale et hivernale

Les poules muent une fois par année, généralement à l’automne. Elles perdent leur plumage et leur ponte diminue durant cette période.

En prévision de la période hivernale il faut aménager le poulailler et les installations pour assurer suffisamment de chaleur et de luminosité aux poules et s’assurer qu’elles ont accès à de l’eau courante. Il faut éviter le froid et un taux élevé d’humidité dans le poulailler ce qui occasionnerait des engelures aux poules. Le taux d’humidité à l’intérieur du poulailler devrait être maintenu entre 50 et 70 % et la chaleur devrait être de 10 degrés Celcius ou plus. 

Le poulailler devra être isolé et une source de chaleur devra y être installée afin que la température intérieure du poulailler puisse être de 10 degrés Celcius. La pose d’une lampe chauffante spécifiquement conçue pour les poulaillers urbains est de mise en prenant toutes les précautions requises pour assurer la sécurité des installations.

De plus, il faudra ajouter de la litière afin qu’il puisse y en avoir environ 15 cm d’épaisseur. La ventilation devra être suffisante pour assurer un taux d’humidité adéquat et l’évacuation des gaz nocifs dont l’ammoniaque.

Durant l’hiver, les poules peuvent cesser complètement la ponte ou la diminuer substantiellement faute de bénéficier d’assez de luminosité.

Les poules mangeront davantage durant l’hiver pour combattre le froid. Enfin, certaines races de poules peuvent résister au froid de l’hiver et continuer d’avoir accès à l’extérieur et aux enclos. 

 

Prévenir les maladies

Le gardien doit prévenir les maladies et identifier rapidement les animaux malades. Certaines maladies sont transmissibles à l’humain. La biosécurité est de toute première importance.

Il faut consulter un médecin vétérinaire si les signes suivants sont observés :

  • manque significatif d’énergie;
  • diminution importante de la consommation de moulée et d’eau;
  • éternuements, respiration haletante avec le bec ouvert;
  • écoulement nasal ou oculaire;
  • tremblements, manque de coordination, signes nerveux;
  • enflure à la tête, aux paupières, aux caroncules ou aux pattes;
  • diarrhée ou mortalité subite.

L’isolement de la poule présentant ces symptômes est requis. 

Les poules peuvent porter certains parasites dont des poux, des vers intestinaux et des mites. La présence de zones déplumées est un indice. Des traitements doivent alors être administrés aux poules et l’environnement doit être rigoureusement désinfecté. 

 

Comment se départir des poules pondeuses

Le gardien de poules pondeuses qui souhaite se départir de ses poules doit en disposer de l’une ou l’autre des façons suivantes :

  1. Faire don de ses poules à un autre gardien dûment autorisé par la ville ou municipalité
  2. Remise à un médecin vétérinaire ou un abattoir agréé
  3. Remise à la Régie intermunicipale des Services animaliers de la Vallée-du-Richelieu. Des frais d’abandon ou d’euthanasie s’appliqueront.

Le gardien de poules ne peut se départir d’elles en les abattant sur ton terrain ou en les laissant en liberté dans les rues ou place publiques. 

Sources et références :

Pour plus d’informations sur l’élevage de poules en zone urbaine :
https://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Agricultureurbaine/Agricultureurbaine_Pouleenville.pdf

https://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Santeanimale/Reseauaviaire/Guide_vente_achat_volaille.pdf

 

Pour plus d’informations sur les maladies transmissibles à l’humain :
https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/santeanimale/maladies/transmissibleshumain/Pages/transmissibles.aspx

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